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Réminiscences : Mes ablutions douteuses

Dr Anwar CHERKAOUI

Reminiscences d'un rescapé de la dépression nerveuse.
Ce sont des chroniques qui se succèdent et se lisent indépendamment les unes des autres.

A l'occasion du 20eme congrès mondial de psychiatrie dynamique, je vous invite à découvrir la deuxième chronique intitulée : Mes ablutions douteuses.

Je déambule de mosquée en mosquée comme un somnambule.

Je me connais. Cette bougeotte est le reflet d’un trouble psychique, qui s’empare sournoisement de moi et sans crier garde. Angoisse et anxiété au tournant.

Je suis à la recherche d’une certaine paix intérieure dans la maison de Dieu. Je bouillonne. J’ai peur de tout et de rien. A l’appel du Moudden ( La Prière), je me précipite vers la mosquée la plus proche.

Souvent, sans me soumettre au rituel des ablutions, j’entame ma prière.

Mon souci élémentaire est de me fondre dans la foule des fidèles.

Je commence à psalmodier et à quémander Dieu.

Mon trouble n’est pas visible. Mais c'est étouffant.

De temps à autre, je prends ma voiture à la quête d’un autre lieu de prière.

Parfois, pour me donner un air plus serein, je vise une mosquée dans un quartier huppé.

Dans les mosquées des quartiers populaires, je vois des gens se précipiter vers un robinet en comptes goutte, délaissant les autres qui coulent à flot.

Ils sont mécaniciens, travailleurs des bâtiments, cireurs……

Ils ont les mains sales. Noires.

Pourquoi ce robinet ? C’est le seul avec de l’eau chaude. Ils en profitent les bougres. Probablement, qu’ils n’ont pas dans leur taudis cette liqueur halal qui réchauffe.

Moi, l’esprit perturbé, j’enlève mes chaussures, j’enfile ses fameuses sandales communes noires ou marrons, sans me soucier du risque de contagion.

Je marche au milieu de petites flaques d’eau. Vestiges d’ablutions faites à la hâte.

Les mains, les bras et les cheveux dégoulinant d’eau, je rejoins la paroisse des fidèles.

A force de changer de mosquée, une obsession commence à m’envahir.

Et si jamais les caméras de surveillance de ces lieux de culte captent mes passages répétitifs et furtifs.

Car, lors d’une même journée, je fais les prières d’adohr (12h), d’alasr ( 16h) et celle du Moghreb (18h) dans trois mosquées différentes.

Avec mon allure suspecte, ils vont croire que je fomente un attentat.

Je serai fiché et donc considéré comme un terroriste en puissance.

Je suis donc surveillé jour et nuit.

Et va pour cette obsession pendant longtemps.

Et cela, jusqu’à ce que mon imagination morbide la remplace par une autre, parfois beaucoup plus déstabilisante. C’est un cercle infernal.

Mots-clés: Santé mentale, Psychiatrie


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