Réminiscences : Trop, c’est trop

Dr Anwar CHERKAOUI

Je gratte et je gratte jusqu’à ce que le sang jaillisse et pourtant je continue de gratter.

Mon entourage me quémande un moment de répit. Rien à faire. Je continue de me lamenter.

J’aimerai bien desserrer mon pied sur la pédale. Et pourtant, je ne fais qu’enfoncer davantage le champignon.

Ma compagne est au bord de la suffocation. Les larmes lui montent aux yeux. La colère est au bout de sa gorge. Digne, elle essaye de se retenir.

Trop, c’est trop.

Sur un ton grave, le « ça suffit » gronde.

Je donne l’impression de desserrer mon étreinte. Ce n’est qu’une illusion.

Inconsciemment, je reviens à la charge de plus fort.

C’est insupportable. Elle quitte les lieux.

Je suis seul et prisonnier de mes idées noires.

Pourtant, mon intention était saine. C’était ma façon de vouloir engager une conversation. Car, je souffrai dans ma solitude et mon désespoir.

Je cherchais à me libérer de moi-même. Surtout de mes démons.

Mon seul salut éphémère. Ma compagne de salon : la TV. Elle me parle. Je peux l’écouter ou pas.

Elle me distrait. Surtout, elle me permet de suivre sans trop réfléchir.

Elle me donne l’impression que je suis virtuellement « in » alors que je suis complètement « Out ».

Ma télé, c'est mon refuge virtuel. Mon baromètre de sensations.

Je frémis quand un acteur trébuche. Je serre mon poignet, quand un chauffard rate son virage.

J’ai les larmes aux yeux quand la jeune héroïne du film se tord de douleur.

Les actualités m’indiffèrent. Je refuse d’être dans le temps. Je veux rester hors de tous les champs. Je dédaigne cette réalité que j’ai peur d’affronter.