
Marrakech Accueille le 1er Congrès Africain de Pathologie Numérique : un programme riche et diversifié
Par Dr Hicham EL ATAR
Co-President du 1er Congrès Africain d’anatomopathologie numérique
Marrakech s’apprête à devenir, du 18 au 20 avril 2025, le carrefour mondial de la pathologie numérique.
À l’initiative d’un comité international d’experts, la ville ocre abritera la toute première édition du Congrès Africain de Pathologie Numérique, rassemblant des pathologistes, technologues, chercheurs et industriels venus d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord.
L’événement vise à explorer les innovations disruptives de ce domaine en pleine effervescence, à partager les expériences mondiales, et à construire ensemble une stratégie continentale.
Une technologie au service du diagnostic
La pathologie numérique consiste à convertir les lames histologiques traditionnelles en images numériques de haute résolution, grâce à des scanners spécialisés.
Ces images peuvent être analysées, partagées à distance et interprétées avec l’aide de logiciels d’intelligence artificielle (IA) et d’apprentissage automatique (machine learning).
Cette évolution offre une rapidité, une précision et une accessibilité jamais égalées dans l’histoire de l’anatomopathologie.
Elle permet non seulement de désengorger les services de diagnostic dans les zones à faible densité de spécialistes, mais aussi d’assurer des secondes lectures ou des avis d’experts à travers le monde, en temps réel.
Une expérience mondiale inspirante
Lors de la session plénière d’ouverture, les experts venus d’Allemagne, de Roumanie, de Pologne et du Japon dresseront un état des lieux global de la pathologie numérique.
Le Pr Norman Zerbe (Allemagne) présentera les avancées européennes, tandis que le Dr Mircea Serbanescu (Roumanie) illustrera les défis et les succès de l’implémentation de cette technologie dans des contextes à ressources limitées.
Le Pr Witold Rezner (Pologne) posera la question fondamentale : l’image numérique remplacera-t-elle définitivement la lame de verre ?
Enfin, Andrey Bychkov (Japon) apportera une perspective asiatique sur l’adoption croissante de la numérisation dans les grands centres médicaux du continent.
Une dynamique africaine en marche
La session plénière africaine, prévue l’après-midi, s’annonce tout aussi stimulante. Le Dr Hicham El Attar (Maroc) insistera sur l’urgence d’un passage à la vitesse supérieure pour ne pas creuser davantage le fossé technologique.
Le Dr Israa Laklouk (États-Unis) parlera de la pathologie numérique comme d’un pont entre les continents, facilitant la collaboration scientifique et médicale.
Dr Mariame Chraibi fera le point sur l’état d’avancement au Maroc, entre réalisations concrètes et défis persistants, tandis que Dr Sanae Abbaoui présentera un projet pilote de mise en réseau numérique dans la région de Souss-Massa, une initiative qui pourrait servir de modèle pour d’autres régions du continent.
Des ateliers scientifiques pour approfondir les savoirs
En parallèle des sessions plénières, quatre ateliers spécialisés sont programmés pour permettre aux participants de se familiariser avec les applications concrètes de la pathologie numérique.
L’atelier sur l’IA en cytologie gynécologique numérique, coordonné par Samia Malki (France), explorera l’utilisation d’algorithmes intelligents dans le dépistage et le diagnostic des lésions cervicales.
Un second atelier, conduit par Amal Fadaili et Aaron Han (Émirats Arabes Unis), traitera des normes de contrôle qualité en pathologie numérique, un enjeu fondamental pour garantir la reproductibilité des résultats.
L’atelier HER2-low, dirigé par Sanae Abbaoui (Maroc) et Magali Lacroix-Triki (France), abordera la nouvelle classification des cancers du sein exprimant faiblement le récepteur HER2, avec un accent sur l’impact du numérique dans l’évaluation de ces profils tumoraux.
Enfin, un atelier coordonné par Anas Belbachir (Corée du Sud), avec la participation de Fouad Kettani et Meryem El Ouazzani (Maroc), sera dédié à l’intelligence artificielle dans le diagnostic des biopsies prostatiques, domaine où l’IA démontre une performance comparable, voire supérieure, à celle de l’expert humain.
Vers une stratégie continentale
Le congrès ne se limite pas à une simple vitrine technologique.
Il se veut aussi un forum stratégique, où l’Afrique pourra poser les jalons d’une politique intégrée de pathologie numérique.
Les discussions porteront sur la formation des ressources humaines, l’infrastructure numérique, les partenariats public-privé, et les nécessaires adaptations réglementaires.
Des symposia industriels, animés notamment par AstraZeneca et Megaflex, offriront un aperçu des dernières innovations technologiques et des solutions d’accompagnement, soulignant l’intérêt croissant de l’industrie pharmaceutique et technologique pour le marché africain.
Un message d’unité et de vision partagée
L’organisation de ce congrès à Marrakech est hautement symbolique.
Elle illustre la volonté d’unir les compétences, de franchir les barrières géographiques, linguistiques et économiques pour mettre la technologie au service de la santé de tous.
Ce rendez-vous scientifique, riche en savoirs et en échanges, célèbre le chemin parcouru, tout en traçant les contours d’un avenir où la pathologie numérique sera un pilier incontournable du diagnostic moderne sur le continent africain.
Mots-clés: Congrès, Pathologies, Anatomopathologie