Une alternative innovante à la chirurgie thyroïdienne au Maroc: La thermoablation
Dr Anwar CHERKAOUI
L’ablation sans chirurgie d’un nodule thyroïdien gênant sur le plan fonctionnel et esthétique est dorénavant possible au Maroc. Grâce à la technique de la thermoablation.
C’est une méthode thérapeutique développée par des médecins Sud-Coréens, pratiquée aux USA, en Allemagne et en Afrique du Sud, nouvellement introduite et développée au Maroc par un médecin endocrinologue Pr Fouad RKIOUAK.
Des masters class pour la formation d’autres praticiens marocains sur la Thermoablation du nodule thyroïdien comme une alternative à la chirurgie sont organisés ce mois de juillet 2023 à Rabat, par Dr Fouad RKIOUAK, endocrinologue et thyroïdologue.
Ce spécialiste marocain est l’un des premiers endocrinologues à pratiquer cette technique au Maroc, qu’il a appris et maîtrisé auprès de spécialistes sud-coréens qui sont les pionniers de cette technique innovante à travers le monde.
Pour Dr Fouad RKIOUAK, les techniques de thermo-ablation utilisent la chaleur pour détruire une zone malade. Elles permettent de réaliser une « carbonisation » et une sclérose vasculaire au niveau du nodule thyroïdien.
Pour l’instant, elles sont parfaitement codifiées dans la prise en charge des nodules thyroïdiens bénins. Des études sont en cours de finalisation par son extension à d’autres indications.
Pratiquée sous anesthésie locale, dans le cadre d’un séjour ambulatoire, cette technique permet de supprimer des nodules thyroïdiens bénins sans procéder à l’ablation de la thyroïde. Sous contrôle échographie, le médecin introduit une aiguille-électrode fine délivrant directement et avec précision de l’énergie thermique dans le nodule, selon le procédé de radiofréquence.
Après une surveillance en hôpital de jour, le patient peut regagner son domicile le jour même.
Une réduction du volume, entre 70 et 80%, du nodule est obtenue. Elle permet d’éviter une chirurgie et donc les risques liés à cette dernière notamment la substitution à vie en hormones thyroïdiennes, une cicatrice inesthétique voire même une paralysie par atteinte du nerf récurrent.
Elle consiste en l’introduction d’une sonde de radiofréquence dans le nodule thyroïdien puis par des petits mouvements permettant la destruction des différentes zones constituant le nodule thyroïdien. Il n’y a pas de douleur pendant le geste puisque l’on réalise une anesthésie locale voir une sédation consciente avec ou sans anesthésiste. Après le geste, le patient reste en surveillance environ 2h.
Cette technique est réalisée en ambulatoire, ce qui signifie que le patient ne reste pas dormir à l’hôpital. Il rentre en hôpital de jour la matinée pour bénéficier de ce geste thérapeutique et rentre chez lui le soir même.
Cette technique innovante du traitement du nodule thyroïdien est pratiquée dans le Centre Marocain de la thyroïde au niveau du CO16, mis en place par Dr Fouad RKIOUAK, qui place le patient et sa prise en charge au centre de ses préoccupations. Les équipes soignantes innovent ainsi pour adapter au mieux les traitements des patients en fonction de leur pathologie.
Il s'agit donc d'une alternative innovante à la chirurgie classique, présentant de multiples bénéfices pour le patient : une récupération rapide, une réduction des complications liées à la chirurgie (hypoparathyroïdie, hypothyroïdie et traitement médicamenteux à vie, cicatrice) et l'absence d'anesthésie générale.
Au Centre d’oncologie 16 novembre, qui abrite ce pôle d’excellence dans le traitement des pathologies de la thyroïde, les patients qui présentent des nodules thyroïdiens pourront avoir leur cas examiné au cours des réunions multidisciplinaires auxquelles participent les endocrinologues, les chirurgiens, les radiologues- échographistes et les médecins nucléaires.
A la suite de ces réunions en fonction des résultats des différents examens réalisés le traitement préconisé pour leur nodule pourra être soit une simple surveillance, soit la thermoablation par radiofréquence soit la chirurgie.
Le Dr Fouad RKIOUAK, thyroïdologue au centre d’oncologie 16 novembre propose la thermoablation à ses patients, une technique de pointe qui permet de conserver sa thyroïde.
Il faut rappeler que les femmes au Maroc sont concernées par les problèmes thyroïdiens dans de grandes proportions. Environ, 75% des femmes auront au cours de leur vie des problèmes thyroïdiens en relation avec le fonctionnement de la glande ou avec le développement de nodules, bénins le plus souvent.
Les nodules peuvent survenir précocement, augmentent en nombre et en volume avec l’âge, et on estime que 60% des femmes après 60 ans sont porteuses d’au moins un nodule.
La très grande majorité des nodules sont bénins et on devrait pouvoir se contenter de les surveiller. C’est grâce aux importants progrès diagnostiques du couple échographie spécialisée/cytoponction échoguidée, que l’on peut dans 85% des cas dire au patient si le nodule est bénin ou si c'est un cancer.
Il reste 15% des cas où seule la chirurgie est capable de faire la part des choses.
Aujourd’hui, de part le monde, on continue d’opérer des patients porteurs d’un ou plusieurs nodules, qui ne sont pas concernés par l’éventualité d’un cancer, d’une gêne, d’un préjudice esthétique ou fonctionnel. On les opère alors qu'ils n'auraient pas besoin de l'être.
Il y a bien sûr des indications indiscutables de la chirurgie (goitres volumineux, compressifs pour les autres organes, thyroïdes “truffées” de nodules, maladie de Basedow…).
Par ailleurs, il faut savoir que la chirurgie expose à trois complications potentielles (qui sont obligatoirement exposées par le chirurgien en consultation pré-opératoire).
La première est l’atteinte des glandes parathyroïdes, situées au contact de la thyroïde et qui peuvent de ce fait être lésées lors de la chirurgie (surtout lors d’une thyroïdectomie totale).
Le traitement de l’insuffisance hormonale ainsi générée est souvent difficile à équilibrer.
La deuxième concerne les problèmes de voix, que les chirurgiens savent éviter dans la très grande majorité des cas, mais certaines atteintes vocales sont à signaler.
Le troisième problème, qu’on traite trop souvent de mineur, c’est la cicatrice à la base du cou, pas toujours esthétique. Les techniques de chirurgie robotique permettent d’y pallier.
Par ailleurs, quand on a retiré toute la thyroïde, on est obligé de donner une substitution hormonale quotidienne et définitive.
Dr Fouad RKIOUAK explique que par la thermoablation, on traite uniquement le nodule sans toucher au reste de la thyroïde. Ce n’est pas un acte chirurgical: les patients entrent le matin et sortent en fin d’après-midi, et peuvent travailler le lendemain.
Cette nouvelle technique de thermoablation peut concerner aussi les nodules qui deviennent volumineux, gênants, disgracieux ou qui évoluent rapidement, et qui sont assurément bénins. Elles utilisent le même principe physique: l'élévation de la température au niveau du nodule, qui carbonise sa zone centrale et détruit ses vaisseaux périphériques.
Le nodule va donc régresser en volume sans possibilité de regrossir ensuite. La patiente bénéficie d'une anesthésie locale ou d'une sédation consciente,
Tous ces actes sont entièrement échoguidés: l’opérateur suit en permanence sur son écran la pointe de l’aiguille ou le faisceau ultrasonore afin de rester à distance des organes de voisinage.
Aujourd'hui, ces nouvelles techniques de pointe de traitement du nodule thyroïdien ne sont pas prises en charge au Maroc. Elles le seront probablement très bientôt du fait du bénéfice qu’elles apportent aux patients et peut être même en terme d’économie de dépenses de soins pour les caisses de remboursements de soins liées aux hospitalisations et à l’anesthésie réanimation que nécessite une chirurgie.
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J’ai sauvé ma thyroïde, témoignage d’une patiente, Mme Fatéma B.
Après des années d’errance dans des cliniques et des hôpitaux, où les meilleurs endocrinologues lui recommandaient de se faire opérer, Madame Fatéma B. est parvenue à se débarrasser d'un nodule thyroïdien bénin sans recourir au bistouri. Elle témoigne d'une technique révolutionnaire: la thermoablation.
Qui va de gaieté de cœur subir une anesthésie générale? Personne. Surtout lorsqu’il s’agit de pratiquer l’exérèse d’un organe parfaitement sain, encombré d’un nodule bénin. Tel était le dilemme de cette femme pour éliminer ce nodule thyroïdien, « il me fallait dire adieu à tout ou une partie d’une thyroïde saine. » Se rappelle-t-elle.
« Lorsque le nodule est malin, on n’hésite pas. C’est la chirurgie. Mais comment accepter une telle atteinte à l’intégrité corporelle, s’il est bénin » s’interroge Madame F.B.
Madame Fatéma B, avait mené sa petite enquête à droite et à gauche, en France et au Maroc. Certaines femmes se portaient aussi bien avec ou sans thyroïde, d’autres au contraire vivent un enfer. Traités à vie au traitement de substitution, elles avaient des palpitations, ou leur pouls ralentissait de manière inquiétante. Ils étaient épuisés ou endormis. Glacés en permanence, ou souffrant de chaleur. Elles perdaient, ou prenaient du poids. Leurs humeurs étaient changées. Leur métabolisme aussi. En “Hypo” ou “hyper” thyroïdien, elles pouvaient souffrir d’un traitement substitutif mal dosé.
Pratiquée sous contrôle échographique, l’endocrinologue formé et entraîné à réaliser cette technique, intervient, guidé par l’image, dirigeant l’aiguille ou l’électrode au micromètre près, vers sa cible. Fatéma B. Vit aujourd’hui, son nodule thyroïdien n’est plus qu’un souvenir.
La thyroïde est intacte. Le nodule est condamné à mort.
Aucun malaise après l’acte. Après un bref séjour en salle de réveil, la patiente retrouve sa chambre, où l’on peut lui servir une collation. De retour chez elle, cou légèrement enflé, sparadrap. Repas le soir même. Excellent sommeil. Une fatigue, le lendemain. Rien d’autre à signaler.
Le contrôle échographique qui suivit dans le bureau du médecin endocrinologue qui a réalisé la thermoablation, confirma la bonne nouvelle. La thyroïde était intacte, et le nodule dévascularisé : condamné à mort. Pas de cicatrice, aucune douleur, aucune gêne d’aucune sorte. Aucun traitement à suivre.
Mots-clés: Chirurgie, Formation, Thyroïde